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Yomeddine, d’A. B. Shawky

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Les preux cavaliers

YomeddineIl faut bien l’avouer, depuis quelques semaines, alors que la seule information disponible sur Yomeddine était qu’il s’agissait d’un road-movie égyptien avec des acteurs lépreux non professionnels, les fantasmes et les blagues de mauvais goût allaient bon train. L’âne – c’est un road-movie en charrette -, Shrek (« on est bientôt arrivé ? »), les personnages à plusieurs couches, les momies, tout y est passé. Malheureusement, ce pitch intrigant débouche sur un film des plus classiques. Un homme, lépreux et habitant d’une léproserie depuis son enfance, se décide à prendre la route pour retrouver la famille qui l’y a déposé. Dans sa charrette, se cache un jeune orphelin surnommé Obama (« comme le gars de la télé », dit-il drôlement). L’amitié forcée entre les deux personnages se transforme bien entendu au fil de la route et des épreuves en authentique famille recomposée. Malgré l’originalité du projet, sa volonté de montrer une Egypte différente – même la pyramide que les personnages croisent n’est pas de celles qui attirent les touristes – et d’alerter sur la situation d’une maladie plus sociale que médicale, Yomeddine donne une sacrée impression de déjà vu. La rencontre entre un marginal ou un personnage en rupture de ban et un enfant lui aussi isolé est un grand classique. La conclusion d’un retour chez soi après toutes ces aventures et la découverte de soi-même en est un autre, presque aussi vieux que le cinéma (« There’s no place like home », l’une des premières répliques célèbres, tirée du Magicien d’Oz). Entre les deux, les deux personnages vivent des péripéties plus ou moins grotesques – mais l’humour tombe souvent à plat – et ne sont bien accueillis que par d’autres exclus. Le reste du monde les rejette, poussant même Beshay, le personnage principal, à crier « Je suis un être humain ! » face à la violence qu’il subit dans un train – réplique que l’on ne peut plus dire sérieusement depuis Elephant Man (surtout quand le personnage est lépreux). Reste enfin la musique assourdissante, venant surligner chaque moment d’émotion ou d’aventure, rendant le film aussi pataud que le cul-de-jatte rencontré dans les rues par nos deux aventuriers. Dommage, car les ambitions du film promettaient bien plus.

 
Yomeddine d’A. B. Shawky, avec Rady Gamal et Ahmed Abdelhafiz. Egypte, 2018. En compétition du 71e Festival de Cannes.


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